[INFO] Aidant : Plus qu'un rôle, une implication quotidienne en manque de reconnaissance

11 millions. C’est le nombre d’aidants en France actuellement. La moitié n’ont pas conscience de leur rôle, ni de ce terme qui y fait référence.

Qu'entend-on par aidant ?

Olivier MORICE, délégué général du Collectif Jetaide*, a accordé une interview à Marguerite et explique qu’est aidante la personne qui a « un rôle qui sort de la configuration normale de la famille ou de l’entourage proche. Son rôle s’apparente au soin, au taxi, à la réalisation des dossiers administratifs… et va ressentir de plus en plus de l’épuisement ».

89% des aidants souffrent de fatigue morale
75% sont des femmes
80% d’entre eux ont moins de 64 ans
85% des aidants accompagnent un membre de leur famille
42% s’occupent de leurs parents
75% agissent en raison de liens affectifs.

Des chiffres édifiants au regard de la faible reconnaissance qui leur est accordée. Comment alors, lorsque l’on passe entre 5h par semaine et 35h, concilier sa vie personnelle avec une vie professionnelle et sociale ?

Le Collectif jetaide*, comme de très nombreuses organisations qui oeuvrent au quotidien auprès des aidants, lance un appel fort sur la nécessité de reconnaissance pour ces aidants, au regard de la précarité qui s’installe irrémédiablement.

Comment devient-on aidant ?

Aider son proche ou assurer la continuité d’un service professionnel d’aide à domicile, c’est l’assurance d’un maintien à domicile dans 80% des cas. Au-delà, ce que dénonce le Collectif jetaide*, c’est ce sentiment de devoir de l’aidant envers son proche, qui l’amène à adopter ce rôle infirmier. Le Collectif souhaite que les idéologies évoluent et que les aidants ne se sentent plus contraints d’agir en raison de leurs liens de parenté, quand d’autres solutions existent.

Il est entendu que cette présence représente un sentiment de sécurité supplémentaire, un sentiment de confiance au domicile. Cela ne doit néanmoins pas se faire au détriment de la qualité de vie du proche aidant.

Quelles conséquences pour l’aidant ?

La précarité économique, professionnelle et sociale. Une nouvelle forme de précarité apparait, celle qui est psychologique : la honte de se retrouver au RSA après un long arrêt pour avoir aidé un proche. Comment le justifier ? Comment prétendre à d’autres aides ? Auprès de qui faire valoir ses droits ? Les associations sont présentes pour accompagner les aidants dans leur lutte contre les préjugés et la reconnaissance de leurs droits car aujourd’hui ils n’en ont aucun, hormis celui de s’absenter (grâce à un congé sans solde) pour prendre soin d’un proche.

Quelles mesures vont être mises en place ?

Le 23 Octobre 2019, Agnès BUZYN, Ministre de la Santé, va annoncer les changements de statut pour l’aidant familial.

En effet, dès 2020, l’aidant familial pourra se voir octroyer un congé indemnisé d’une durée de trois mois, réservé à l’aide de son proche, qu’il soit âgé, malade ou en situation de handicap.

Ce congé pourra être renouvelé jusqu’à un an, sur la durée de la carrière professionnelle. Ce projet de loi permettra au salarié d’être rémunéré durant cette absence à hauteur de 43,52€ par jour pour un couple et de 52€ pour une personne isolée. Cela serait mis à place à partir d’octobre 2020.

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  • Le Collectif jetaide est né du rassemblement des associations qui accompagnement les aidants et de la création de la Journée Nationale des Aidants. Son rôle est de relayer les actions menées par les associations autour de mobilisations nationales et annuelles. Son ambition est de « mettre la voix de l’aidant au coeur de l’action », selon Olivier MORICE. Ces évènements donnent lieu à des plaidoyers dont la synthèse est soumise au comité du collectif, composé de 25 experts. Ces plaidoyers sont ensuite remis aux députés et sénateurs en vue d’en faire une proposition de loi.