[PRESSE] Notre Temps "Covid-19: quand s’isoler à domicile rend plus fragile"

" "Rien qu’au ton de la voix on sent que quelque chose ne va pas. Beaucoup de seniors se sont retrouvés isolés, sans leurs enfants et sans leurs aidants confinés", explique Audrey Stervinou, l’une des ergothérapeutes mobilisées par la plateforme téléphonique d'urgence Ergocall pour contacter 2000 personnes âgées de 65 ans et plus. L'initiative lancée à la demande d’organismes de protection sociale et du bailleur social Action logement a détecté les effets massifs et délétères de la solitude en temps d'épidémie. 

La solitude à domicile, partie immergée de l’iceberg

"Depuis le début de la crise du sanitaire, l’attention est légitimement portée sur l’hôpital et sur la situation des personnes âgées en Ehpad, pourtant 94,5% des seniors vivent à leur domicile où ils ne sont pas protégés pour autant", alerte Ergocall. L’observatoire pointe les risques inhérents au fait de vivre seul chez soi, coupé de tout contact physique ou visuel avec des proches. Paradoxe: le confinement conçu pour protéger la santé des personnes a parfois créé d’autres risques susceptibles de durer.

Prise de risques pour rompre l’isolement

Premier constat: une plus grande difficulté à respecter les consignes du confinement pour les seniors souffrant de solitude. 75% des personnes interrogés disaient res­pecter les consignes de confinement. Pourtant elles étaient 68% à sortir plusieurs fois par semaine, notamment pour faire leurs courses (55%) mais aussi pour se changer les idées et sortir de l’enfer­mement (13%). "Alors que je lui rappelais les consignes de sécurité et les dangers du virus, une personne m’a dit : "Je suis consciente du risque mais je préfère sortir plutôt que de mourir de solitude" témoigne Audrey Sterviou. Une situation qui peut s’expliquer par le fait que 85% des personnes âgées interrogées vivent seules.

Chutes, pertes de repères 

93% des personnes appelées ne se sentent pas en danger dans leur logement pourtant 38% ont chuté récemment et 77% d’entre elles indiquent que cela s’est passé au sein de leur loge­ment. "La chute est une des premières portes d’entrée dans la dépendance" rappelle le Dr Jérôme Marty, Médecin gériatre, cité par l’observatoire.

L’isolement strict accélère la perte des capacités cognitives comme la motricité, la mémoire, le langage. Comme elles ne pouvaient pas rencontrer leurs proches et que les heures de présence de leurs aidants professionnels étaient réduites, certaines personnes ont perdu leurs repères pendant le confinement. "Parfois dans un couple, c’est le plus actif qui est tombé malade. Tout était bouleversé. L’épouse ou le mari, avait bien du mal à faire face à la situation »  Audrey Stervinou. Pour certains les capacités physiques ont été altérées par la sédentarité ou de changement d'habitudes. "J’ai parlé à des personnes qui se sont rationnées pendant le confinement au point d’être dénutries. D'autres se sentaient affaiblies ou souffraient de jambes lourdes." "

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